Fraternité Laïque Dominicaine
Dominique Pire et Sainte Catherine de Sienne
Sarte
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Samedi 9 mai 2020
Il y a plus de joie à donner
Jean-Pierre Binamé
Lecture (saint Marc 6, 32-42)
"Ils partirent en barque vers un lieu désert, à l'écart.
Les gens les virent s'éloigner et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent à cet endroit et arrivèrent avant eux.
En débarquant, Jésus vit une grande foule.
Il faut pris de pitié pour eux car ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses.
Puis, comme il était tard, ses disciples s'approchèrent de lui pour lui dire: "L'endroit est désert. Renvoie-les: qu'ils aillent dans les hameaux et les villages des environs s'acheter de quoi manger".
Mais il leur répondit: "Donnez-leur vous-même à manger". Ils lui disent: "Nous faut-il aller acheter pour deux cents pièces d'argent de pains et leur donner à manger?".
Il leur répondit: "Combien avez-vous de pain? Allez voir!". Ayant vérifié, ils disent: "Cinq et deux poissons".
Et il leur commanda d'installer tout le monde par groupes sur l'herbe verte. Ils s'étendirent par rangée de cent et de cinquante. Jésus prit les 5 pains et les 2 poissons, et levant son regard vers le ciel, il prononça la bénédiction, rompit les pains et il les donnait aux disciples pour qu'ils les offrent aux gens. Il partagea aussi les 2 poissons entre tous.
Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés."
Commentaire de la lecture
Vous l'avez entendu: les gens sont venus de partout pour le voir et l'entendre car sa renommée s'est répandue comme une traînée de poudre. Ils l'ont devancé, longeant la rive du lac jusqu'à l'endroit où il pouvait accoster, jusqu'à ce pâturage à l'écart, loin de tout.
Ils sont là à écouter Jésus: ils sont "comme des brebis sans berger", qui ne savent où aller et à qui faire confiance. Ils boivent ses paroles, car ils sont "comme une terre asséchée sans eau".
Ils ne se lassent pas de l'écouter.
"Faites confiance", leur dit-il, "regardez les oiseaux du ciel autour de vous, ils ne sèment ni ne moissonnent et ils n'amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux? "
"Chaque jour le soleil se lève. Et il se lève pour tous, les bons et les méchants. Il offre sa lumière et sa chaleur à chacun de nous, il se donne à tous quoique nous ayons commis."
"Dieu effacera toutes nos fautes. Il essuiera toute larme de notre visage".
Leur cœur se gonfle, s'élargit, s'attendrit, comme une pâte dans laquelle un levain a été doucement et soigneusement mélangé. C'est comme une folle espérance, une foi en l'inattendu, une confiance dans l'improbable.
"Ayez confiance", répète-t-il. "Si vous avez de la foi gros comme un tout petit grain de moutarde, vous direz à cette montagne : ‘Déplace-toi d’ici à là, et elle se déplacera, et rien ne vous sera impossible. Cherchez et vous trouverez. Frappez et l'on vous ouvrira! Rien n'est impossible à qui demande et fait confiance.”
"Il y a une force de vie et de bonté immense qui veille sur nous comme un Père. Je lui parle et je l'appelle Père car elle est souffle et puissance de vie, amour, bienveillance, sollicitude.
Sa puissance de vie innommable nous enveloppe, nous traverse nous soulève quand nous partageons avec ceux qui n'ont pas, qui sont pauvres de tout. Heureux sont-ils de vivre ce partage.
Quand nous donnons à ceux qui ont faim. Heureux sont-ils ceux qui ont faim : ils sont rassasiés.
Quand nous consolons ceux qui pleurent. Heureux sont-ils ceux qui pleurent: ils vivent le bonheur d'être consolés."
Une petite graine minuscule, infiniment discrète, grandit en eux, celle d'une immense gratitude et celle d'un amour infini pour chacune et chacun. Et elle devient comme un arbre immense, plus haut que tout.
Ils ne se lassent pas de l'écouter, même si leur tête a de la peine à comprendre.
Mais il se fait tard. Il faut retomber les pieds sur terre. Bientôt il fera nuit et leur ventre crie famine. Ils sont loin et il est trop tard pour rentrer chez eux. Là où ils ont précédé Jésus, l'endroit est désert. Ils sont dénués de tout, sans ressources.
Les proches de Jésus s'en rendent compte. Ils veulent aider tous ces pauvres gens, ils lui proposent une solution. De leur point de vue, le plus sage est qu'ils se dispersent dans les environs: ils trouveront bien sur leur chemin une boutique qui leur vendra de quoi manger, une ferme ou l'autre qui acceptera de les aider.
Mais ils n'ont sans doute écouté Jésus que d'une oreille, préoccupés aussi par plein d'autres choses. Comme si la semence de son enseignement était tombée sur une terre pleine d'épines et de pierres. Etait-ce pour eux "Paroles, paroles" ?
Pas étonnant alors que Jésus les surprenne quand il leur dit: "Donnez-leur vous-même à manger. C'est à vous de prendre les choses en main. Prenez soin d'eux." "Quelle idée! Pourquoi est-ce à nous de prendre soin de ces imprévoyants?", pensent-ils. " "Devons-aller acheter de quoi nourrir ces gens-là? ", lui proposent-ils.
Inutile, leur dit Jésus; et il les bouscule encore plus: "Combien avez-vous de pains? Qu'avez-vous dans vos sacs? Regardez un peu ce qu'on pourrait rassembler". Chacun obéit, estomaqué, et fouille son sac. Ils reviennent près de lui: "Cinq pains et deux poissons", disent-ils en choeur, "Rien de plus! Que pourrions-nous faire avec si peu, pour tant de gens? ".
Et alors là, c'est le comble! Jésus les remercie d'un signe de la tête et leur ordonne d'installer tout le monde par petit groupe, comme si c'était chaque fois une grande famille. Puis, quand tout le monde est disposé et bien assis, là devant eux, il prononce la bénédiction d'usage, remerciant Dieu de nourrir son peuple, rompt les pains pour en faire plusieurs parts, les donne à ses disciples et leur dit: "Allez-y. Distribuez maintenant à tout le monde". Et il fait la même chose avec les deux poissons.
Leurs provisions, voilà qu'il les offre maintenant à tous ces inconnus. Ces gens étaient dans la détresse, c'est clair. Mais de là à sacrifier leurs réserves, c'est du n'importe quoi!
Les disciples finissent par lui obéir, sans vraiment comprendre. Voilà qu'ils se mettent à distribuer; d'abord grognons et tête basse, mais de plus en plus heureux quand ils lisent la joie dans les yeux de ceux qu'ils approvisionnent.
Alors, voilà qu'une autre surprise les attend: les gens se mettent eux aussi à fouiller leur sac; et le peu qu'ils trouvent, voilà qu'ils le partagent eux aussi à leurs voisins. Et ces voisins font de même. Cela se répand comme une traînée de poudre. Si bien qu'à la fin, chacune et chacun reçoit de quoi se sustenter, mâchant longuement ce don précieux, savourant et dégustant ce repas inattendu et improbable. Ils sont rassasiés par le peu qu'ils ont reçu; il y a même des restes...
Mais ce qu'ils ont reçu, c'est bien plus que de quoi nourrir leur ventre affamé. C'est la joie du partage et du don réciproque, la joie de former comme une seule famille, alors qu'ils ne se connaissaient pas. On pourrait dire: la joie d'être les parties d'un seul corps.
Leur acte les a surpris et les dépasse: il témoigne de cette foi et confiance dont Jésus venait de leur parler, de cette puissance de vie et d'amour qui traverse nos vies quand nous voyons en chaque visage un être unique, de ce bonheur d'être pauvre de tout et de partager. Ce nazaréen avait raison: il y a plus de joie à donner qu'à recevoir.
"Aujourd'hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l'entendez" (Marc 4, 21)
En ce temps de confinement et de détresse, des femmes et des hommes se lèvent, osent l'improbable, risquent leur santé voire leur vie pour venir en aide à des personnes contaminées ou pour poursuivre un travail qui est essentiel pour les autres, donnent de leur temps pour leur parler et les écouter, fabriquent des masques ou des blouses ou font les courses pour des personnes isolées, d'autres cherchent de nouvelles solutions pour gérer le confinement et dépister ou soigner la maladie, on partage ce qu'on n'aurait jamais cru partager...
La joie de donner et partager traverse les humains. Malgré nos pesanteurs et nos enfermements, inattendue, elle soulève des montagnes.
"Les détresses du passé seront oubliées ...
Voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle." (Isaïe 65, 17a)
Psaume 33
Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur : que les pauvres m'entendent et soient en fête !
Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre.
Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses.
L'ange du Seigneur campe à l'entour pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge !
Saints du Seigneur, adorez-le : rien ne manque à ceux qui le craignent.
Des riches ont tout perdu, ils ont faim ; qui cherche le Seigneur ne manquera d'aucun bien.
Le Seigneur entend ceux qui l'appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre.
Il est proche du cœur brisé, il sauve l'esprit abattu.
Intentions:
Prions pour ceux que le manque de travail et de revenus plonge dans une immense angoisse pour le lendemain. Que le Père de toute bonté les délivre de leurs peurs et leur donne paix et confiance.
Prions et rendons grâce pour toutes ces femmes et ces hommes qui viennent en aide à leurs proches ou à leurs lointains. Que le Père de toute bonté les soutienne et raffermisse leur courage.
Prions pour tous ceux que le confinement prive de contact avec la famille ou avec les copains et copines. Que le Père de toute bonté les entoure de sa sollicitude aimante et fasse surgir une force qui les sauve.
Prions pour ceux qui sont malades et pour ceux qui sont décédés privés de l'entourage de leurs proches. Que le Père de toute bonté les fasse accéder à une joie sans fin.
Chant final: "Nada te turbe"
Que rien ne te trouble
Que rien ne t’effraie
Toute passe
Dieu reste le même
Patience
Atteint tout.
Qui a Dieu
Ne manque de rien
Dieu seul suffit.