Fraternité Laïque Dominicaine
Dominique Pire et Sainte Catherine de Sienne
Sarte
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7 Mai 2021
La sollicitude divine,
d'un père, d'une mère
Jean-Pierre Binamé, o.p.
Lecture du prophète Isaïe
Is 49, 13-15; 63, 15; 66, 12-13
Cieux, réjouissez-vous!
Terre, sois dans l'allégresse!
Montagnes, éclatez en cris de joie!
Car l'Éternel console son peuple,
Il a pitié de ses malheureux.
Sion disait: L'Éternel m'abandonne, Le Seigneur m'oublie!
Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite?
N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles?
Quand elle l'oublierait,
Moi je ne t'oublierai point.
Regarde du ciel, et vois,
De ta demeure sainte et glorieuse:
Où sont ton zèle et ta puissance?
Le frémissement de tes entrailles et tes compassions
Ne se font plus sentir envers moi.
Car ainsi parle l'Éternel:
Voici, je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve,
Et la gloire des nations comme un torrent débordé,
Et vous serez allaités;
Vous serez portés sur les bras,
Et caressés sur les genoux.
Comme un homme que sa mère console,
Ainsi je vous consolerai;
Vous serez consolés dans Jérusalem.
Commentaire
"Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite? N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l'oublierait, Moi je ne t'oublierai point". "Comme un homme que sa mère console, Ainsi je vous consolerai". Ne peut-on pas mieux parler de la tendresse de Dieu qu'en la comparant à celle d'une mère, une mère qui choie, réconforte et console ses petits enfants?
Comme le souligne frère Ignace Berten [1], "Ces images féminines sont une expression de la dimension compassionnelle de la sollicitude de Dieu pour Israël et plus largement pour l'humanité". D'ailleurs, quand la Bible compare Dieu à un berger qui prend soin de chacune de ses brebis, n'est-on pas dans un registre un peu semblable?
Avons-nous conscience qu'il y a une sollicitude inouïe qui nous entoure et protège, à l'intérieur et à l'extérieur de nous, de tous côtés? Elle nous précède, sans que nous y prêtions attention: nous avons à déchiffrer les signes invisibles de sa présence, infiniment discrète et infiniment puissante à la fois. Elle nous nourrit de ses attentions, de ses messages : à nous de les écouter...
C'est pourquoi "les théologies féministes ont raison de mettre en valeur cette dimension féminine fondamentale de l'image de Dieu, qui a été trop marginalisée dans la tradition de l'Eglise"[2].
Toutes les appellations que nous donnons à cette force d'Amour que nous nommons Dieu sont évidemment des images, des symboles: Dieu n'est ni homme ni femme, ni père ni mère. "Dieu est au-delà de toute image".
Il est YaHWeH, Celui dont on ne peut pas prononcer le nom, mais qui évoque quelque chose comme: "Je suis celui qui suis/sera", "Je suis Vie et Promesse", au plus profond de notre coeur, d'une manière proprement inimaginable.
Bien sûr, dans le Premier Testament, il est invoqué quelques fois comme un père, mais un père adoptif, qui a choisi de prendre Israël comme son fils: "Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils"- "Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple". Et ces images sont plutôt rares. Les Israélites se différencient ainsi des nations voisines (Egypte, Assyrie) chez qui il était naturel que leur dieu soit appelé père c.à.d. le géniteur du peuple et du monde.
Quand Jésus se tourne vers Dieu en l'appelant "Abba", c'est donc une petite révolution : personne avant lui n'avait osé s'adresser d'une manière aussi familière. "Abba" en effet, c'est le nom affectueux que l'enfant donne à son père - un peu comme papa -, le nom à la fois familier et respectueux que l'élève donne à son maître, que l'enfant adulte donne à un père chéri. Jésus révèle ainsi sa grande proximité et intimité avec Dieu, au plus grand scandale des anciens et des scribes.
D'ailleurs, ce terme n'est employé que quatre fois dans l'évangile le plus ancien, celui de Marc. C'est dans l'évangile de Jean, le plus tardif, que Jésus s'adresse le plus souvent à son Père.
N'ayons donc pas peur d'ouvrir et d'élargir les représentations imparfaites que nous nous faisons de l'Eternel, de la Puissance de vie au fond de notre coeur et de l'univers, à l'œuvre chaque fois nous nous faisons proches et aimants des autres.
Celui qui dissout nos peurs et efface nos égarements passés, celui qui nous propulse au-delà de nous-même, au-delà de tout, n'ayons donc pas peur de l'invoquer aussi comme une mère. Car s'Il est aussi proche et soutenant qu'un père affectueux, Il/Elle est aussi tendresse, sollicitude et miséricorde, autant aimante et attentive qu'une maman qui nous réconforte quand nous sommes blessés.
N'ayons pas crainte non plus d'invoquer Marie, la "porte du ciel". Celle qui, avec une incroyable audace et confiance, fut mère de Jésus, nous le mit au monde, est aussi celle qui nous ouvre à cette dimension féminine et maternelle de Dieu.
Psaume 131
Seigneur, je n'ai pas le cœur fier
ni le regard ambitieux;
je ne poursuis ni grand dessein,
ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse;
Mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.
Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais.
Intentions
Bénissons le Seigneur du Ciel et de la terre qui révèle aux petits les merveilles de son amour.
Ô Dieu, notre Père et notre Mère, aide-nous à nous reconnaître en toi comme tes enfants, blottis contre ton cœur aimant.
Nos mères et pères sont un reflet de ta tendresse et de ton amour. Rends-nous activement reconnaissants de tout ce que ces personnes nous donnent et nous ont donné.
Etre mère et père n'est pas simple aujourd'hui. Combien de parents souffrent ou peinent dans ce rude métier, autant qu'ils s'en réjouissent. Donne-leur force et espérance, au-delà de tout.
"Comme un petit enfant"
R/ Comme une petit enfant dans les bras de sa mère,
j'ai gardé près de toi le silence et la paix (bis)
Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux;
je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent. /R
Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse;
mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. /R
Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais. /R
[1] Ignace Berten :"La sollicitude", p. 175
[2] Idem, p. 177