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Jeudi 12 mai 2022
La sollicitude se laisse touchée au cœur
Abbé André Fossion, s.j.
La sollicitude se laisse touchée au cœur
La sollicitude naît de la grâce et entraîne à la grâce
Le thème de cette neuvaine est la sollicitude dans la ligne du bel ouvrage que le Père Ignace Berten a rédigé sur ce sujet. Je le cite : « La sollicitude, écrit-il, trouve son origine dans le moment où on est touché au cœur par ce que les gens vivent et souffrent. La sollicitude est intelligence du cœur. Elle est fondamentalement une empathie faite de bienveillance, d’admiration de ce qui est beau dans les personnes ou les événements du quotidien (…), de compassion face à la souffrance vécue (…) et d’indignation (…) et de protestation face à ce qui méprise la dignité humaine »
La sollicitude dans cette perspective est une qualité du cœur. Elle est la capacité d’admiration de ce qui est beau. Elle est la capacité de compassion face à la souffrance des autres, une compassion qui se traduit dans l’action concrète.
En préparant mon intervention, j’ai pris le parti de croiser le thème de la sollicitude avec celui de la grâce. Sollicitude et grâce sont, en effet, des thèmes étroitement apparentés. L’une ne va pas sans l’autre. La sollicitude naît de la grâce et entraîne à la grâce. Par grâce, j’entends le bienfait donné ou le bienfait reçu : on fait grâce ou on rend grâce. En d’autres termes, la sollicitude trouve son élan dans les bienfaits reçus. Et, en retour, elle entraîne au bienfait donné, à la bienfaisance et à la bienveillance. La sollicitude est ainsi envisagée dans un processus où il y a du donné, du reçu et du rendu, gracieusement.
Je diviserai mon propos en trois points. Je parlerai tout d’abord de la sollicitude et de la grâce sur le plan anthropologique, sur le plan de l’expérience humaine. J’ai intitulé ce premier point : la sollicitude, la grâce au cœur. Le deuxième point proposera une réflexion de théologie chrétienne : la sollicitude divine, une surabondance de grâces. Enfin, dans un troisième point, j’envisagerai l’évangélisation comme témoignage rendu à la grâce de Dieu et comme sollicitude à l’égard d’autrui.
1.La sollicitude : la grâce au cœur
Où et comment affleure dans le champ humain l’expérience de la grâce ? Remarquons tout d’abord que le terme « grâce » fait partie du vocabulaire commun. C’est un mot de la langue. Arrêtons-nous à l’expression « grâce à ». Par exemple, « c’est grâce à toi que j’ai pu achever cette tâche. » Ou : « C’est grâce à tel concours de circonstance que j’ai pu obtenir tel poste ». L’expression « grâce à » désigne donc un processus par lequel on reçoit ou on obtient quelque chose gracieusement, gratuitement, comme un don qui advient, comme une faveur qui est donnée, sans l’avoir soi-même produite. La grâce, c’est ce qui est donné par la médiation bénéfique d’un autre ou par un concours de circonstances. Cette expérience de la donation est plaisante, elle est agréable. Et elle suscite un sentiment de reconnaissance. Je rends grâce, je remercie l’autre pour la sollicitude qu’il a eu à mon égard. Ou bien, je remercie la vie. C’est un cadeau reçu d’un autre ou de la vie s’il n’y a pas de donateur reconnu.
La grâce, c’est le don reçu d’un autre gratuitement. Ou c’est le don offert à quelqu’un pour lui être agréable sans que cela soit un dû. La grâce désigne le don, ce qui est offert ou reçu. Elle désigne aussi la relation gracieuse avec autrui dans laquelle les dons s’échangent et se transmettent gratuitement sans compter. La grâce désigne donc ce qui est donné, mais aussi la relation de gratuité elle-même.
On sait combien il importe pour tout être humain d’avoir dans sa vie au moins une personne dont il a l’assurance qu’il en sera toujours accueilli, aimé, sans condition, sans devoir payer. Cette relation est éprouvée comme gratifiante, agréable. Elle est cause de bonheur. On peut dire alors que c’est une relation gracieuse : elle est empreinte d’inconditionnalité.
Pour mesurer l’importance et l’extension de la grâce dans nos vies, on peut repérer et énumérer tous les mots qui sont construits sur la racine « grâce » et aussi les expressions de la langue.
Gratuit, gratis : ces termes désignent ce qui est donné sans devoir payer ou le fonctionnement relationnel où les dons s’échangent sans calcul. Ce que l’on donne ou reçoit sans faire payer, sans payer.
La gratuité désigne une relation d’échange de biens ou de services avec autrui, en liberté, sans obligation de payer.
La gratitude désigne le sentiment de reconnaissance à l’égard d’autrui pour un don reçu.
Savoir gré veut dire être reconnaissant
Gré signifie consentement. De plein gré, de bon gré. Sans contrainte ; en liberté, sans obligation ; assentiment de bon cœur.
Gracier signifie pardonner, accorder son pardon, relever de la faute, renouer un relation gracieuse après une mal commis. Restaurer une relation d’accueil, faire grâce.
Faire grâce : lever la dette, ne plus devoir payer.
Agréable : plaisant, qui donne du plaisir et du bonheur. Une relation gracieuse est source de bonheur
Gratifier : donner gratuitement pour le plaisir, par-dessus le marché.
Gratifiant : qui fait plaisir, qui honore
Gracieux : beau, joli, élégant, charmant. La grâce a un aspect esthétique. Ce qui donne un sentiment de beauté. Beauté formelle et aussi beauté morale
Gracile : sans force, sans violence, un peu faible, sans force, vulnérable. Ce qui induit le souci de protéger ce qui est vulnérable.
En résumé, une relation gracieuse ou un style gracieux conjoint la gratuité, le plaisir, la liberté, la beauté, le bonheur, le pardon, la vulnérabilité, la douceur à l’opposé de la violence....