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Fraternité Laïque Dominicaine
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Mercredi 10 mai 2023

 Espérer quelle résurrection

Fr. Ignace Berten, o.p.

Dominicain, Maître en théologie, auteur et conférencier

La résurrection de Jésus est au fondement de la prédication chrétienne. L’espérance de la résurrection des morts est proclamée par notre credo. Dans cette neuvaine consacrée à l’espérance, nous méditerons à partir du premier témoignage écrit de la foi en la résurrection dans la lettre de saint Paul aux Corinthiens.

Lecture de la Première lettre de saint Paul aux Corinthiens (1Co 15, 1-44)

Frères et sœurs, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Évangile, vous l’avez reçu ; c’est en lui que vous tenez bon, c’est par lui que vous serez sauvés si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants.  Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze. [...] Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis.

Nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ; alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu ; et nous faisons figure de faux témoins de Dieu, pour avoir affirmé, en témoignant au sujet de Dieu, qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité si vraiment les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés ; et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.  Mais non ! le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. [...]

Mais quelqu’un pourrait dire : « Comment les morts ressuscitent-ils ? avec quelle sorte de corps reviennent-ils ? » Réfléchis donc ! Ce que tu sèmes ne peut reprendre vie sans mourir d’abord ; et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps de la plante qui va pousser, mais c’est une simple graine : du blé, par exemple, ou autre chose. Et Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu : à chaque semence un corps particulier. Il y a plusieurs sortes de chair : autre est celle des hommes, et autre celle des bêtes, autre celle des oiseaux, et autre celle des poissons. Il y a des corps célestes et des corps terrestres, mais autre est l’éclat des célestes, autre celui des terrestres ; autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, autre l’éclat des étoiles ; et chaque étoile a même un éclat différent. Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Ce qui est semé périssable ressuscite impérissable ; ce qui est semé sans honneur ressuscite dans la gloire ; ce qui est semé faible ressuscite dans la puissance ; ce qui est semé corps physique ressuscite corps spirituel.  

Homélie

Chers frères et sœurs, vous venez d’entendre quelques extraits du très long chapitre 1 de la première lettre de saint Paul aux Corinthiens. Suite à diverses questions posées par la communauté, Paul y traite entre autres de la résurrection des morts. Cette lettre de Paul, après celles qu’il a adressée aux Thessaloniciens, est la toute première expression écrite de la foi chrétienne. Quelque quarante ans après cette lettre, dans l’évangile de Jean, Jésus dit : « Que votre cœur ne se trouble pas : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures ; sinon, vous aurais-je dit que j’allais vous préparer le lieu où vous serez ? Lorsque je serai allé vous le préparer, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que là où je suis, vous serez vous aussi » (Jean 14, 1-3).

Cette lettre aux Corinthiens est le témoignage le plus ancien sur l’eucharistie : « Voici, dit Paul à ce sujet, ce que j’ai reçu du Seigneur, et que je vous ai transmis » (11, 23). Cette lettre est aussi le témoignage le plus ancien sur la résurrection de Jésus, et le seul d’un croyant qui témoigne directement de sa propre expérience.

Ces deux textes, celui de Paul et celui de Jean, nous interrogent sur notre foi. Que disons-nous quand dans notre credo nous affirmons que Jésus est ressuscité et que nous croyons à la résurrection des morts ?

Nous ne pouvons pas répondre personnellement à cette question sans prendre en compte la diversité de l’expression de foi de ceux et celles qui se reconnaissent aujourd’hui comme chrétiens.

Que Jésus soit vraiment ressuscité, c’est-à-dire qu’il est personnellement vivant auprès de Dieu et présent dans la communauté, n’était pas une évidence pour les chrétiens de Corinthe, cette communauté créée par Paul par sa prédication. Cette foi n’est plus une évidence non plus pour nombre de chrétiens aujourd’hui. Et qu’il y ait une vie après la mort, une résurrection des morts, n’est plus une évidence pour tous non plus.

Dans cette méditation sur la résurrection comme expression de l’espérance, je dirai ma conviction de foi profonde, en rencontrant trois questions. Première question : comment comprendre ces croyants qui disent qu’ils ne croient pas à la résurrection, ni la résurrection de Jésus, ni la résurrection des morts en général, et qui sont donc proches de ces chrétiens qui interpellent Paul ? Deuxième question : que signifie la résurrection pour nous, la résurrection de Jésus et la résurrection des morts qui nous est promise ? Troisième question : comment pouvons-nous penser la résurrection des morts ?

 

Première question, donc, ces chrétiens, ces catholiques qui ne croient pas à la résurrection. Pendant des siècles la réalité d’une vie après la mort a fait partie des évidences culturelles et religieuses dans l’ensemble du monde chrétien. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Toutes les enquêtes montrent qu’une fraction significative et grandissante de la communauté chrétienne affirme croire en Dieu et en Jésus-Christ, mais ne pas croire à la résurrection de Jésus, au sens où nous l’entendons, ni à une résurrection des morts pour nous.

Des grands noms de la théologie protestante de la seconde moitié du 20e siècle. comprennent la résurrection de Jésus en termes exclusifs de l’actualité de la foi : la vie que Jésus a proposée et suscitée, en mettant en présence de Dieu et en donnant ainsi pleinement sens à la vie, cette vie continue comme tâche et comme mission. La foi de Jésus en Dieu, foi qui s’est montrée efficace pour faire vivre, cette foi continue à agir par l’action et la prédication de l’Église. Tel est le sens de la résurrection de Jésus.

Quelques théologiens et de grands intellectuels catholiques vont aujourd’hui dans le même sens. Je donne un exemple parce qu’il est très significatif. Le théologien dominicain Jacques Pohier a écrit en 1977 un petit livre très profond et stimulant Quand je dis Dieu. Sur cette question de la résurrection, je ne suis pas d’accord avec lui, mais je le cite parce qu’il exprime une compréhension de la foi chrétienne profonde, exigeante et très spirituelle, dans laquelle des chrétiens peuvent vraiment se reconnaître :

Que Dieu ait ressuscité Jésus d’entre les morts n’atteste pas que nous pourrions devenir immortels et impeccables mais atteste que Dieu peut vraiment traverser la réalité de notre faute et la réalité de notre mort pour être un Dieu-avec-nous. [...] La contingence de l’homme n’empêche pas Dieu d’être avec lui : Dieu est le Saint et l’Éternel, et il est un Dieu qui veut et peut être avec nous, pécheurs et mortels. – Ce que les chrétiens ont appelé la résurrection de Jésus n’est pas d’abord une manifestation de ce que fut Jésus mais une manifestation de ce qu’est Dieu ; elle n’est pas d’abord une manifestation de ce que pourrait devenir l’homme s’il échappait enfin à sa condition, mais d’abord une manifestation de ce que peut être Dieu : un Dieu-avec-nous, et de ce que peut être l’homme : un peuple-avec-qui-est-Dieu. – La bonne nouvelle qu’ils [les disciples] annoncèrent, n’était pas de l’ordre de la résurrection des morts ou de Jésus, elle était de l’ordre de la manifestation de Dieu. L’étonnant était que Dieu soit tel que Jésus l’avait fait connaître, l’étonnant était que ce que Jésus avait fait connaître de Dieu était encore vivant après que Jésus eût été mis à mort (pp. 108-109, 195 et 209.

Une remarque importante : pendant bien plus de mille ans, les croyants en Israël n’espéraient aucune résurrection. Plusieurs psaumes sont très explicites à cet égard. Deux brèves citations. Dans le psaume 30 : « Que gagnes-tu à mon sang et à ma descente dans la fosse ? La poussière peut-elle te rendre grâce ? », et le psaume 88 : « Me voici comme un homme fini, reclus parmi les morts, comme les victimes couchées dans la tombe, et dont tu perds le souvenir car ils sont coupés de toi… Dans la tombe peut-on dire ta fidélité et dans l’Abîme dire ta loyauté ? » Pour ces croyants en Israël, après la mort, on n’est plus que poussière, sans aucune relation possible avec Dieu.

Ce n’est que très tardivement que la foi d’Israël s’ouvre à une espérance de résurrection, au 2e siècle avant Jésus Christ, à cause de la brutalité de la répression d’Antiochus Épiphane contre les croyants : il n’est pas possible que le Dieu fidèle n’ait pas une réponse de vie pour tous ces croyants massacrés à cause de leur foi. Naît alors cette conviction : la réponse de Dieu, c’est la résurrection des morts.

Beaucoup diront qu’aujourd’hui, nous ne sommes plus à l’époque de l’ancien Israël : il y a eu Jésus, et le témoignage de sa résurrection. S’affirmer croyant et nier la résurrection des morts, c’est tout à fait hérétique, pense-t-on alors. Ce n’est plus chrétien. Alors que ces personnes se disent chrétiennes et croyantes, au nom de quoi puis-je me permettre de juger qu’elles ne le sont pas ? Je puis dire que pour moi, cette expression n’est pas chrétienne, mais pas que la personne n’est pas chrétienne. Le pape François dit que justifier la peine de mort ce n’est pas chrétien, que refuser l’accueil des exilés ce n’est pas chrétiens. Il ne dit pas que les personnes qui s’expriment ainsi ne sont pas chrétiennes.

Il est important que nous puissions faire cette distinction quand nous rencontrons des personnes qui expriment leur foi de façon différente de nous. Il est important d’entendre ce qu’ils disent de leur propre foi. Saint Paul dit que si le Christ n’est pas ressuscité, s’il n’y a pas de résurrection des morts, la foi est sans valeur, elle est vaine. Nous pouvons sur ce point ne pas être d’accord avec lui. Nous ne pouvons pas dire que pour Jacques Pohier et ceux qui pensent comme lui, leur foi est sans valeur, sans contenu, que leur foi n’a pas de sens. Ce serait malhonnête de notre part.

 

Nous croyons que Jésus est ressuscité et nous croyons que la résurrection des morts nous est promise. J’en viens donc à ma deuxième question : que signifie la résurrection pour nous, la résurrection de Jésus, la résurrection des morts qui nous est promise ?

Comme je l’ai rappelé, les lettres de Paul sont les tout premiers écrits chrétiens. Dans sa lettre aux Galates, Paul est le seul à témoigner personnellement de son expérience de Jésus ressuscité. Que dit-il ? Comment en parle-t-il ? « Lorsque celui [...] qui m’a appelé par sa grâce a jugé bon de révéler en moi son Fils » (1, 15-16). Paul considère que cette révélation est pour lui une apparition de Jésus ressuscité, au même titre que celles dont ont bénéficié les apôtres : j’ai cité ce qu’il affirme dans la lettre aux Corinthiens à ce sujet : il est apparu à Pierre, puis aux Douze, et finalement à moi, l’avorton. Pour Paul, il s’agit fondamentalement d’une expérience intérieure, d’une expérience spirituelle et mystique qui est de l’ordre de la vision. Nous ne croyons aujourd’hui que Jésus est vraiment ressuscité qu’en nous appuyant sur le témoignage des premiers croyants, les femmes et les apôtres, et Paul. Pour évoquer leur expérience fondamentalement intérieure, les évangiles comme les Actes des Apôtres utilisent un langage très imagé. Nous n’avons aucune preuve de la vérité dont ils témoignent, nous n’avons aucune preuve de ce que Jésus est ressuscité. Notre foi est essentiellement faite de confiance, confiance dans ce témoignage, confiance dans celui de la tradition de l’Église, confiance dans le témoignage de foi des croyants qui nous entourent. Oui, nous croyons que Jésus, cet homme de notre histoire, est vraiment vivant aujourd’hui, vivant en Dieu et avec Dieu, et présent mystérieusement au milieu de nous.

Croire que Jésus est ressuscité, cela ne concerne pas seulement Jésus. Cela nous concerne à un double titre : il y a déjà de véritables résurrections dans la vie et nous espérons que nous ressusciterons personnellement après la mort.

Plusieurs mots grecs, pris de la vie courante, sont utilisés dans le Nouveau Testament pour dire la résurrection de Jésus : se lever, se relever ou être relevé, se réveiller.

Après la mort sur la croix, les disciples de Jésus s’effondrent. La confiance qu’ils avaient mise en lui s’écroule, le sens de leur attachement à celui qu’ils avaient suivi, le sens de son message s’écroulent. Ils se dispersent totalement découragés. Et pourtant, quelques jours plus tard, il se redressent, ils font l’expérience que Jésus vit : on peut dire que, par cette expérience, ils sont remis sur pieds. Ils font l’expérience que c’est un don qu’ils reçoivent. Psychologiquement, moralement, spirituellement, ils étaient morts, ils se relèvent, et voici qu’ils vivent pleinement. De quelque manière ils ressuscitent.

À la relecture de la pratique de Jésus, on peut dire que c’est une pratique résurrectionnelle. Dans l’évangile de Marc, Jésus fait se lever la belle-mère de Pierre, qui est malade (1, 31) ; au paralysé de Capharnaüm, il dit : « lève-toi » (2, 9) ; il dit de même « lève-toi » à l’homme qui avait la main paralysée (3, 3) ; et il fait lever l’enfant habité par un esprit mauvais (9, 27). Dans les Actes, Pierre, à la suite de Jésus, fait lever l’impotent en lui prenant la main (3, 7). C’est ce même mot que Pierre utilise pour parler de la résurrection de Jésus : « Le Prince de la vie que vous avez fait mourir, Dieu la fait se lever des morts » (3, 15).

La pratique évangélique à la suite de Jésus est une pratique résurrectionnelle : elle met debout, les personnes paralysées physiquement, psychologiquement ou spirituellement, les personnes moralement écrasées par la culpabilité ou enfermées dans le mépris de soi-même et victimes du mépris des autres. À certains moments, alors que la vie nous écrase, que l’espérance semble morte, expérience de mort, la présence accueillante et bienveillante des autres peut nous remettre debout, nous relancer dans la vie.

Observons que le mot résurrection est passé dans le langage courant. Le dictionnaire, le Robert, donne différentes utilisations du mot résurrection, en dehors de l’usage qui en est fait dans le christianisme : guérison inattendue ; fait de faire revivre en esprit, de ressusciter (le passé) ; retour à l'activité ; nouvel essor.

Une telle pratique résurrectionnelle n’est pas une exclusivité des disciples de Jésus, des croyants. Mais pour le croyant elle est d’une certaine manière un impératif au nom de la foi en un Dieu de vie.

Pour le croyant, pour nous, il y a aussi cette autre dimension : Jésus ressuscité est le premier-né d’entre les morts. La résurrection nous est promise. La mort n’est pas le dernier mot de la vie : elle n’est pas le dernier mot du Dieu de vie. La vie humaine est ouverte à un don de vie au-delà de la mort.

 

Cela nous conduit à la troisième question, la question posée par les Corinthiens à Paul : s’il y a une résurrection à espérer, les morts comment ressuscitent-ils ? Cette question : comment les morts ressuscitent-ils ? est aussi celle de beaucoup de croyants, en particulier à l’occasion de l’expérience du deuil.

Je reprends quelques lignes du texte de Paul que j’ai lu pour introduire cette méditation :

Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? Insensé ! toi, ce que tu sèmes ne prend vie qu’à condition de mourir. Et ce que tu sèmes n’est pas la plante qui doit naître, mais un grain de blé, ou d’autre chose. Puis Dieu lui donne corps comme il le veut et à chaque semence de façon particulière. [...] Il en est ainsi pour la résurrection des morts : semé corruptible, on ressuscite incorruptible ; semé périssable, on ressuscite dans la gloire ; semé dans la faiblesse, on ressuscite plein de force ; semé corps animal, on ressuscite corps spirituel » (1 Cor 15, 35-44).

Qu’est-ce que Paul suggère à partir de l’image qu’il utilise ? À l’époque, on n’a pas l’idée de la continuité biologique entre la semence ou le grain jetés en terre et qui pourrissent, et la plante qui pousse ensuite. Il n’y a pas de continuité, la plante est le surgissement d’une vie nouvelle qui est don de Dieu, mais qui a un lien quand même avec la semence : à partir d’un grain de blé jeté en terre, il ne poussera jamais un épi d’orge ou un rosier. Cette continuité dans la discontinuité est don de Dieu. Il en va même, dit Paul, pour la mort humaine : il y a le corps corruptible, le corps animal, et il y a le corps spirituel donné par Dieu. Le corps animal est la totalité de l’être humain qui meurt ; le corps spirituel est bien la personne qui est morte : dans la discontinuité de la mort, c’est Dieu qui fait don de cette vie nouvelle, de cette forme de continuité. C’est en fait un acte de recréation.

Nous pouvons remarquer que la résurrection comme recréation et donc comme pur don s’exprime aussi dans le Coran :

Dis :

« Celui qui les a créés une première fois

les fera revivre.

Il connaît parfaitement toute création.

C’est lui qui, pour vous,

a dans l’arbre vert placé du feu

dont vous utilisez la flamme. »

Celui qui a créé les cieux et la terre

Ne pourrait-il pas les créer de nouveau ?

(Sourate XXXVI, Ya-Sin 79-82)

Qu’est ce corps spirituel ? Paul dit qu’on ne peut pas se le représenter. Nous aimerions savoir. Et le savoir nous échappe. Autrement dit, il faut choisir de faire confiance sans savoir.

Dans ce don offert par Dieu aux morts, tout le bien accompli, tout l’amour porté en ce monde ne se perdent pas pour toujours : Dieu est capable de recueillir tout cela pour le faire vivre pour toujours. Quant au mal, il est absout dans la miséricorde et le pardon de Dieu.

Parce que nous sommes des êtres relationnels, ce sont aussi les relations dans ce qu’elles ont de positif, que nous pouvons espérer participer à la vie ressuscitée. Il y a une magnifique expresssion de cette espérance dans le vieux cimetière juif d’Uccle. Deux tombes, deux stèles sont dressées l’une à côté de l’autre. Ce sont les tombes d’un couple. De ces stèles sortent deux mains qui se tiennent l’une l’autre, la main d’un homme et la main d’une femme.

L’espérance de la résurrection est une espérance personnelle, mais elle n’est pas individuelle. Quand Jésus annonce le Royaume de Dieu, il dit que ce Royaume commence ici et maintenant dans les multiples pratiques de l’amour. Mais il y a un accomplissement au-delà de notre histoire. Jésus utilise l’image du banquet. Il y a résurrection de la personne comme recréation, mais le Royaume c’est aussi une recréation communautaire : l’accomplissement du monde de justice et de paix espéré, rassemblement de toute nation, peuple, langue et culture, dit le livre de l’Apocalypse. Rassemblement que nous ne pouvons pas non plus nous représenter, accomplissement final de notre humanité.

Saint Paul va plus loin encore. Dans sa lettre aux Romains, il écrit en effet : « La création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs d’un enfantement » (8, 22). Nous osons croire et espérer que, par Dieu, c’est toute la création qui sera restaurée par la puissance de vie de la résurrection.

Comme en témoigne la vie de Jésus, selon les évangiles, cette espérance d’un accomplissement du Royaume s’incarne concrètement dans l’anticipation de ce Royaume au cœur de la pratique qui ouvre à la vie partout où elle est niée, menacée, méprisée. Le paralysé qui se met debout, le publicain surpris par Jésus qui s’invite chez lui, la femme adultère pardonnée, la prostituée accueillie, l’aveugle qui retrouve la vue ou le muet qui se met à parler : toutes ces expériences offertes et suscitées par Jésus sont déjà des résurrections au cœur même du présent. Des résurrections ici et maintenant qui sont des figures de la résurrection espérée. La condition de disciples de Jésus demande que par nous, comme personnes et comme communautés croyantes, de telles expériences de résurrection se multiplient.

Notre foi est aussi un appel à susciter la confiance au Dieu de vie qui ouvre à l’espérance de la résurrection. La foi est témoignage : c’est par la longue chaîne des témoins de la foi que cette foi nous est offerte. Nous sommes aussi tous appelés à être des maillons de cette chaîne porteuse de vie et d’espérance.

Intentions

Pour tous les chercheurs de sens,

croyants en Dieu ou non,

espérant un au-delà de vie ou non,

afin qu’ils contribuent ensemble

à construire la maison commune

de préservation de l’environnement et du climat

et de recherche de justice et de dignité pour tous,

prions le Seigneur

 

 

Pour tous ceux et celles

qui sont plongés dans la désespérance

afin qu’ils trouvent écoute et bienveillance

et que brille pour eux un rayon de lumière,

prions le Seigneur

 

 

Pour notre Église

au sein de laquelle les différences de sensibilité et de théologie

sont parfois vécues difficilement,

afin qu’il y ait recherche de communion de foi

au-delà des divergences

et dans le respect de la pluralité,

prions le Seigneur

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